Peindre

C’est exprimer mon rapport intime à la nuit

Ce quelque chose qui veut parler, quelque chose de moi que j’ignore

Mais qui veut se dire, s’extraire, se donner à voir

Oser regarder, oser entrer dans le mystère de l’ombre

S’en approcher, le scruter, l’apprivoiser peut-être

Plongée, failles, trous noirs

Alors émergent par strates, sédiments de mémoires, lambeaux de rêve, opium

Et quelquefois aussi, oui quelquefois, surgissent des fragments de lumière

Peindre

C’est partir

De l’espace clos, capsulaire, sortir de soi

Hors limites de la figuration, hors limites du moi

En quête de plus grand que soi

Au-delà d’un langage sémantique ne subsistent que traces, restes de pigment

Trou noir de la mémoire, reflets, lambeaux de souvenirs

Des flaques de lumière ne révèlent qu’accidents, moments hasardeux

La tête se vide délaissant réflexions, cogitations

Pour une autre errance, plus intuitive, plus ouverte, cosmique

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